Deux dernières tentatives pour rendre le licenciement plus coûteux

L'augmentation des indemnités pour licenciement abusif est une revendication de longue date des syndicats, mais elle a peu de chances de voir le jour à court terme, même si le débat final n'a pas encore été tranché. La question a été mise de côté lors des discussions sur la réforme du travail de 2022 afin d'éviter le désengagement des employeurs. Les syndicats l'ont ensuite relancée en saisissant le Comité européen des droits sociaux (CEDS) du Conseil de l'Europe, où ils ont remporté une bataille, avant de la perdre devant les tribunaux espagnols.
Deux dernières tentatives sont actuellement en cours pour modifier cette indemnité de départ : l’une devant la Cour constitutionnelle, l’autre par une réforme législative. Ces deux démarches se heurtent à de sérieux obstacles.
La Cour suprême a admis le recours final et, si elle le rejette, laissera la voie ouverte à la Cour constitutionnelle.Sur le chemin de la toge, la décision de la Cour suprême de juillet a été catégorique : les indemnités actuellement fixées sont adéquates et les décisions du Comité européen exigeant une augmentation de ces montants dans certains cas ne sont ni exécutoires ni directement applicables. Ce fut une douche froide pour l'UGT (Confédération générale des syndicats de travailleurs) et CC.OO., auteurs des deux décisions du Comité européen, ainsi que pour le travailleur de 60 ans licencié avec une indemnité de 1 500 €, à l'origine de cette procédure qui, une fois devant la Cour suprême, établira la doctrine juridique.
Ce jugement a failli clore l'affaire. « On n'ira pas plus loin », disait-on. Pourtant, le travailleur, avec le soutien de l'UGT (Union des syndicats de travailleurs), a finalement décidé de persévérer. Il était convaincu qu'il lui restait « une chance » : se pourvoir devant la Cour constitutionnelle.
Pour ce faire, la première étape consiste à épuiser toutes les voies de recours devant la Cour suprême. C'est ce qu'a fait l'avocat du salarié en déposant une requête en annulation de la procédure devant cette cour. Dernière étape dans ce recours : la semaine dernière, la requête a été admise à l'instruction. On s'attend à un rejet, mais cela ouvre la voie à un recours devant la Cour constitutionnelle. Il s'agira d'une demande de protection présentée par un particulier devant cette cour, alléguant une violation des droits fondamentaux. Il s'agit du cas cité : un travailleur âgé licencié après une courte relation de travail (sept mois), avec une indemnité de licenciement réduite (1 500 €). Il a interjeté appel devant la cour, arguant d'une indemnisation insuffisante compte tenu de « ses difficultés d'insertion sur le marché du travail, de sa faible rémunération et de l'abus de droit de son employeur ».
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L'objectif était d'assouplir ces indemnités, sachant que la réglementation actuelle peut entraîner des versements substantiels en cas de relation de travail durable, mais rester minimale en cas de relation de travail de courte durée, comme dans le cas présent. Plus précisément, elle fixe à 33 jours de salaire par année travaillée, dans la limite de 24 mensualités.
Le travailleur a obtenu gain de cause devant le tribunal du travail de Barcelone, qui lui a accordé une indemnisation complémentaire de 5 400 euros, mais a perdu devant le Tribunal supérieur de justice (TSJC). Dès lors, il a saisi la Cour suprême, sans succès. Il va maintenant saisir la Cour constitutionnelle, une juridiction qui sera saisie dans le cadre d'un débat public sur le caractère adéquat des indemnisations accordées, ce qui, selon l'équipe juridique qui dépose le recours, leur donne une chance. « Les perspectives sont plus prometteuses », commentent-ils. Si la Cour constitutionnelle rejette la demande, la seule option restante serait un recours européen devant la Cour européenne des droits de l'homme.
La deuxième voie vers la modification des indemnités de licenciement est tout aussi périlleuse. Elle a été activée de manière inattendue jeudi par la vice-présidente et ministre du Travail, Yolanda Díaz, qui a annoncé une réunion du dialogue social en octobre pour aborder la question. Après le fiasco de la réduction du temps de travail, Díaz dynamise son programme d'initiatives, avec le nouveau cahier des charges, la protection de l'augmentation du salaire minimum interprofessionnel (SMI) afin qu'elle soit pleinement intégrée à la masse salariale, et le licenciement.
Dans ce dernier cas, il a invoqué comme justification une motion non législative (PNL) de Sumar, approuvée mercredi par le Congrès des députés, exhortant le gouvernement à réformer le licenciement abusif afin de le rendre dissuasif. Par ailleurs, tout comme la réforme du travail, cette PNL a également été adoptée grâce au vote erroné d'un représentant du Parti populaire.
Au-delà de ses erreurs, Díaz soutient que ce vote représente l'approbation de l'ensemble du bloc d'investiture, même si, au moment opportun, elle risque de se heurter à la résistance des ministres socialistes, partenaires du gouvernement, à l'ouverture d'un nouveau front avec les employeurs. Quoi qu'il en soit, la première étape sera probablement un affrontement avec ceux-ci, qui s'opposent à la possibilité de renchérir le licenciement gratuit. Si la CEOE n'a jamais engagé de négociations approfondies sur la réduction du temps de travail, il est possible qu'elle utilise une tactique similaire dans ce cas précis.
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