Bilbao-Madrid-Lisbonne : traverser la péninsule Ibérique en train en 2034 prendra moins de six heures.

D'après les estimations de la Commission européenne, d'ici moins de dix ans, un voyageur pourra prendre un train depuis la gare d'Abando à Bilbao et arriver à Lisbonne en moins de six heures, avec une escale à Madrid. Plus précisément, en cinq heures et cinquante minutes . Si sa destination est Porto, le trajet durera quatre heures, et jusqu'à Vigo, seulement trois heures et vingt minutes.
Ces chiffres figurent dans le plan de train à grande vitesse présenté hier par Bruxelles, qui vise à achever le projet d'ici 2040 et concerne l'ensemble de l'UE. Par exemple, « les passagers pourront voyager de Berlin à Copenhague en quatre heures au lieu de sept actuellement , et de Sofia à Athènes en six heures au lieu de 13 heures et 40 minutes actuellement », indique le document. Il précise également qu'« il sera possible de voyager de Tallinn à Riga en une heure et 45 minutes et de Riga à Vilnius en environ deux heures », au lieu des six et quatre heures respectivement nécessaires actuellement.
Mais le corridor atlantique, reliant la France à l'Espagne et au Portugal, revêt une importance particulière pour l'UE. Cela tient à son importance historique, à la relative urgence d'un tronçon et aux défis imminents des autres. Bruxelles a déjà annoncé que la liaison Madrid-Portugal sera pleinement opérationnelle d'ici 2034. « La liaison Madrid-Lisbonne deviendra une réalité dans les prochaines années », a affirmé hier le commissaire aux Transports, Apostolos Tzitzikostas, lors de la présentation du plan. Et si l'on y ajoute la ligne ferroviaire à grande vitesse basque en Y, on aboutira à cette liaison majeure de la péninsule en moins de dix ans.
Mais la mise en œuvre en France ne semble pas si simple. L'UE estime que la ligne à grande vitesse reliant Madrid et Paris ne sera opérationnelle qu'en 2035, soit un an plus tard, et que le projet sera entièrement achevé d'ici 2040. Cela représente déjà un retard considérable par rapport à l'objectif de 2030 initialement prévu à Bruxelles. Le gouvernement d'Emmanuel Macron est cependant beaucoup moins optimiste et juge même cette date insuffisante, estimant que la ligne ne sera pas opérationnelle avant 2042 .
« Je travaille activement avec les ministres espagnol et français pour lever les obstacles », a également indiqué hier M. Tzitzikostas. « Nous préparons par ailleurs une visite imminente à la frontière avec les deux ministres. Je vous demande un peu de patience, et nous aurons bientôt de bonnes nouvelles », a ajouté le commissaire grec.
L’intention de la Commission est claire, mais il est tout aussi certain que Bruxelles se heurtera à de nombreux obstacles et défis politiques . De plus, le plan d’action ne prévoit pas de budget précis et repose plutôt sur une estimation des dépenses très élevée. « La construction et la modernisation des infrastructures ferroviaires à grande vitesse nécessitent des investissements considérables sur le long terme. L’achèvement du réseau à grande vitesse RTE-T prévu d’ici 2040 est estimé à environ 345 milliards d’euros , tandis qu’un réseau plus ambitieux, avec des vitesses bien supérieures à 250 km/h, pourrait coûter jusqu’à 546 milliards d’euros d’ici 2050 », indique le document.
« Les financements publics ne suffiront pas à eux seuls pour couvrir ces besoins. Toutefois, les fonds européens seront essentiels pour attirer des investissements publics et privés supplémentaires », poursuit-il. Autrement dit, tout dépendra en grande partie des actions des entreprises.
« Le développement du réseau nécessitera des investissements privés, ainsi que des prêts et des garanties d'institutions financières telles que la Banque européenne d'investissement (BEI) et les banques nationales et les organismes de promotion », poursuit le texte, « comme l'Institut officiel de crédit (ICO). »
Compte tenu de ces éléments, la Commission souhaite présenter le train à grande vitesse comme « une véritable alternative aux vols court-courriers et aux longs trajets en voiture », ainsi que comme « un investissement stratégique pour la compétitivité à long terme de l'Europe ». « Il offrira aux voyageurs des correspondances plus rapides, des options de réservation simplifiées et des prix plus abordables », souligne-t-elle. À cette fin, Bruxelles ajoute que d'ici 2040, le secteur sera entièrement libéralisé, ce qui permettra, précise-t-elle, de réduire le prix des billets de train, comme cela a déjà été le cas en Espagne.
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