L’intelligence artificielle menace plus d’un tiers des emplois dans la fonction publique, selon une étude

L’intelligence artificielle générative pourrait bouleverser en profondeur le service public. Selon une étude publiée par le cabinet Roland Berger, près d’un tiers des emplois des fonctionnaires dans le monde seraient directement menacés par cette technologie.
En analysant 450 métiers du secteur public à l’échelle mondiale, les experts estiment que sur les 351 millions de fonctionnaires recensés, 36% pourraient voir leurs missions transformées. Deux mécanismes sont en jeu: l’assistance, qui permet d’augmenter la performance des agents grâce à de nouveaux outils (détection de la fraude fiscale ou sociale, optimisation des démarches administratives). Et l’automatisation, qui peut aller jusqu’à remplacer certains postes dans des tâches simples et répétitives.
Selon Roland Berger, la proportion serait de deux tiers d’assistance contre un tiers d’automatisation. Mais dans tous les cas, l’impact pourrait se traduire par des suppressions de postes massives.
Les douaniers, les agents des impôts ou encore les secrétaires juridiques pourraient voir leur travail profondément transformé. Dans la santé aussi, l’IA pourrait améliorer l’efficacité administrative ou proposer des traitements plus personnalisés.
Certains emplois pourraient en revanche disparaître: assistants administratifs, secrétaires ou encore agents de centres d’appels figurent parmi les plus menacés. À l’inverse, les métiers liés à l’aide à la personne resteraient relativement préservés.
Ces perspectives font craindre un véritable "bain de sang social", jugé politiquement inacceptable par les observateurs. De son côté, l’OCDE publie également une réflexion sur le rôle de l’IA dans le service public. L’organisation appelle les États à trouver un équilibre entre innovation et responsabilité.
Pour éviter les dérives, l’OCDE insiste sur plusieurs conditions:
- l’exemplarité des dirigeants, qui doivent être les premiers à utiliser ces outils.
- le maintien d’un contrôle humain, avec l’humain toujours décisionnaire en dernier ressort.
- un encadrement strict de la confidentialité des données ;
- des efforts accrus de formation ;
- et une priorité donnée à l’amélioration de la qualité du service public plutôt qu’à la seule réduction des coûts.
Un signal fort, alors que l’IA s’impose désormais comme un enjeu central pour l’avenir des services publics dans le monde entier.
RMC