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Échec du conclave: Bayrou n’a pas réussi à faire entrer un carré dans un cercle

Échec du conclave: Bayrou n’a pas réussi à faire entrer un carré dans un cercle

DÉCRYPTAGE - Les partenaires sociaux ne sont pas parvenus à un accord sur la réforme des retraites. Il faut dire que les dés étaient pipés.

Tout ça pour ça! La tentation est grande de résumer ces quatre mois de conclave sur la réforme des retraites par cette formule lapidaire. Ce lundi 23 juin, à l’issue d’une ultime séance de discussions qui a joué les prolongations au-delà de 22 heures, les partenaires sociaux n’ont pu que constater leur désaccord. Organisations syndicales et patronales n’ont pas trouvé de terrain d’entente pour... réformer la réforme d’Élisabeth Borne portant l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans.

Il faut dire que dès le départ, cet Osni (objet social non identifié) était bien mal emmanché. François Bayrou invite, dans son discours de politique générale, le 14 janvier, les partenaires sociaux à se réunir pour améliorer la réforme des retraites. Pourquoi revenir sur ce qu’il qualifie lui-même d’«efforts courageux du gouvernement d’Élisabeth Borne» alors que le Béarnais fut l’un des premiers hommes politiques à tirer sur la sonnette d’alarme des déficits? La réponse est bien connue. Le chef du gouvernement, nommé après la censure qui a renvoyé Michel Barnier de Matignon, n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale. Et il veut - il doit - donner des gages à la soixantaine de députés socialistes pour obtenir un sursis. Ce sera donc en promettant de « rechercher une voie de réforme nouvelle, sans aucun totem et sans aucun tabou, pas même l’âge de la retraite ».

Tel est donc l’objectif de ce «conclave» - le premier ministre emploie ce terme lui-même trois mois avant le décès du pape François. Sauf que dès ce 14 janvier, François Bayrou impose une règle du jeu: «La seule exigence fixée est que nous ne pouvons pas laisser dégrader l’équilibre financier». Et pour cadrer encore un peu plus les débats, le premier ministre commande à la Cour des comptes un audit exprès afin de rappeler à tous les «chiffres objectifs».

Le 20 février, les magistrats de la rue Cambon rendent leur «rapport flash». Verdict: le déficit cumulé des régimes des retraites s’élèvera à 6,6 milliards d’euros en 2025. Et si aucune nouvelle réforme n’est mise en œuvre, dans dix ans, il se creusera à 15 milliards d’euros.

La veille de la première vraie réunion du conclave, rebaptisé «délégation paritaire permanente des retraites», le premier ministre rappelle les règles aux participants. Il n’en faut pas plus pour le syndicat FO pour claquer la porte. Suivi de près par la CGT. Dans le camp patronal, c’est l’U2P, représentante des artisans, qui quitte le conclave, pour des raisons diamétralement opposées. L’organisation d’entrepreneurs est convaincue qu’il faudra repousser l’âge légal de départ au-delà de 64 ans quand les syndicats, dont la CFDT de Marylise Léon réclame «un bougé sur l’âge», dans le sens inverse.

Dès lors, mettre tout le monde d’accord, sachant que le patronat ne voulait pas entendre parler de hausses de cotisations pour financer, revenait à vouloir faire entrer un carré dans un cercle trop petit. Ces dernières semaines, des accords semblaient à portée de stylo s’agissant de la pénibilité, des carrières des femmes et de l’âge de la décote. Mais las, les divergences de fond étaient trop criantes. «Je me demande si dès le premier jour, les organisations patronales ont voulu un accord», a commenté lundi soir Pascale Coton, négociatrice pour la CFTC. De fait, Patrick Martin n’a jamais caché son manque d’enthousiasme à l’idée de revenir sur les mesures Borne. Un manque d’entrain largement partagé à l’Élysée où l’on voyait d’un mauvais œil le détricotage de la réforme arrachée au 49.3 en dépit d’une mobilisation massive dans la rue.

Alors, quatre mois vraiment pour rien? Au fil des discussions, l’idée de la retraite par capitalisation a fait, à tout petit pas, son chemin. Marylise Léon, dans les colonnes du Figaro, reconnaissait que le sujet n’est pas «tabou». Surtout, s’est imposée l’idée que c’est le financement de toute notre protection sociale qu’il faut réexaminer, voire réformer en profondeur. Or, un sujet d’une telle ampleur, selon les mœurs de notre République, ne relève pas de la négociation entre partenaires sociaux. Mais du débat d’une élection présidentielle. Il ne devra pas, cette fois, être escamoté.

lefigaro

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