Fonds pour la préservation des forêts tropicales | Les forêts tropicales humides se dotent d'un mécanisme de financement dédié
À la veille de la 30e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 30), qui débute lundi à Belém, au Brésil, un nouveau mécanisme financier pour la protection des forêts tropicales a été lancé : le Mécanisme pour la préservation éternelle des forêts tropicales (TFFF) . Comme son nom l’indique, il vise à garantir la préservation « éternelle » des forêts tropicales de la planète. À cette fin, les 74 pays possédant de telles forêts recevront une prime annuelle de quatre dollars américains par hectare de forêt tropicale. Toutefois, si la surveillance satellitaire des forêts révèle une diminution de leur superficie, les pays concernés subiront une déduction de 400 à 800 dollars par hectare perdu. Ce mécanisme confère ainsi une valeur financière aux forêts existantes, une valeur qui leur faisait défaut jusqu’à présent.
On compte actuellement environ un milliard d'hectares de forêt tropicale humide dans le monde (dix millions de kilomètres carrés). Avec une prime de quatre dollars par hectare, le Fonds de transition pour le climat (TFFF) distribuera donc jusqu'à quatre milliards de dollars par an. Pour financer ce programme, un fonds de 125 milliards de dollars sera créé, investi dans des obligations d'État afin de générer les rendements nécessaires. Le capital initial sera constitué de 25 milliards de dollars de fonds publics ; le Brésil s'est déjà engagé à verser un milliard. Le président Luiz Inácio Lula da Silva a lancé le TFFF jeudi lors d'un sommet de deux jours sur le climat réunissant une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement. Le gouvernement norvégien a annoncé à Belém qu'il contribuerait à hauteur de 30 milliards de couronnes (2,56 milliards d'euros) à cet instrument novateur de protection du climat. D'autres contributions sont attendues de la part de pays donateurs traditionnels comme l'Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que d'économies émergentes telles que l'Indonésie, les Émirats arabes unis, Singapour et peut-être même l'Arabie saoudite.
À partir du fonds initial gouvernemental, 100 milliards de dollars supplémentaires doivent être levés sur les marchés financiers. Afin de rendre cette opération possible à des taux d'intérêt avantageux, les pays donateurs conviennent que leur contribution est subordonnée, ce qui signifie qu'en cas de défaut de paiement, elle sera remboursée après les autres créances. Comme pour tout investissement sur les marchés financiers, il existe un risque, a déclaré João Paulo de Resende, du ministère brésilien des Finances : « Lors d'années véritablement exceptionnelles, telles que la pandémie de COVID-19 ou la crise financière de 2008, il pourrait être nécessaire de suspendre les paiements. » Cependant, cela se produira « beaucoup moins fréquemment » qu'avec l'aide au développement classique, qui peut s'interrompre du jour au lendemain. De cette manière, les pays possédant des forêts tropicales bénéficieront d'une source de revenus relativement stable.
Le TFFF a aussi ses détracteurs : l’économiste du climat Max Matthey, de l’université de Witten/Herdecke, par exemple, doute que le modèle de financement tienne ses promesses. Le fonds prévoit d’emprunter à faible taux d’intérêt pour ensuite investir dans des actifs plus rémunérateurs afin de générer un rendement. Or, selon Matthey, cette stratégie ne peut être viable à long terme, car des taux d’intérêt plus élevés reflètent un risque accru, rendant les versements du fonds aléatoires. Il s’interroge : « Pourquoi faire dépendre les primes annuelles pour la protection des forêts tropicales de la volatilité des obligations des marchés émergents ? » Il estime que le financement traditionnel par le biais de l’aide au développement est indispensable. Matthey soutient néanmoins l’idée fondamentale du TFFF : inciter financièrement les pays possédant des forêts tropicales à les protéger.
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